Entretien avec S.E. Fortuna Dibaco, Ambassadeur de la République d’Ethiopie en RD Congo

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Congodiplomatie : Excellence, merci d’avoir accepté de m’accorder du temps pour une interview. Dites-nous, pour un Ethiopien, que représente la RDC ?

H.E. Fortuna Dibaco : Vous êtes le bienvenu, M. Gomer, et c’est un plaisir de vous rencontrer, vous et votre équipe. Pour répondre à votre première question, la République démocratique du Congo en tant que pays avec un peuple diversifié, le plus grand pays d’Afrique subsaharienne, comme de nombreux pays africains, un pays confronté à de nombreux défis tels que la pauvreté et le chômage malgré l’abondance de ses ressources naturelles, et avec une sécurité améliorée, une économie en croissance et un engagement en faveur de la gouvernance démocratique, une nation qui a fait preuve de résilience et de détermination face à l’adversité. La RDC est dotée de ressources naturelles exceptionnelles, notamment de minéraux tels que le cobalt et le cuivre, d’un potentiel hydroélectrique, d’importantes terres arables, d’une immense biodiversité et de la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Le potentiel de développement est immense.  Par conséquent, nous, les Éthiopiens, pensons qu’il y a de nombreuses raisons d’être optimistes quant à l’avenir de la RDC.

CD: Vous avez pris vos fonctions d’Ambassadeur en RDC le 8 juin 2023. Que pouvons-nous retenir de vos 100 premiers jours ?

Quelques jours après votre prise de fonction, vous avez rendu visite à la Cheffe de la MONUSCO, Mme Bintou Keita. Dans son tweet sur votre rencontre, Mme Bintou dit que vous avez réaffirmé l’engagement de l’Éthiopie à rétablir la paix et la stabilité dans l’est de la RDC. Pouvez-vous nous en dire plus?

FD: Maintenant que je suis à Kinshasa depuis plus de 7 mois, j’ai eu des rencontres de courtoisie avec de hauts responsables, notamment le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Son Excellence Christophe Lutundula, l’ancien et le nouveau chef de cabinet, l’ambassadeur Zenon Mukongo et S.E. Debre Boyoko, respectivement, ainsi que le directeur du ministère des Affaires étrangères de la RDC pour l’Afrique et le Moyen-Orient.  L’ambassadrice Pascaline Kuyungu entre autres. Nos discussions ont porté sur la manière de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays. Mais surtout, nous avons discuté de la nécessité pour la RDC de signer et de ratifier l’accord-cadre de coopération (ACF) comme l’ont fait d’autres pays riverains, comme l’Éthiopie, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie et le Burundi. Le texte de l’Accord-cadre de coopération (CFA) a été élaboré au cours de plus d’une décennie de travail intensif par les pays riverains du Nil, le CFA le 14 mai 2010, le CFA a été ouvert à la signature à Entebbe, en Ouganda. Énonce les principes, les droits et les obligations en matière de gestion coopérative et de développement des ressources en eau du bassin du Nil.  Le CFA établira un cadre solide qui « promeut la gestion intégrée, le développement durable et l’utilisation harmonieuse des ressources en eau du bassin du Nil ainsi que des ressources en eau, leur conservation et leur protection au profit des générations présentes et futures ». Depuis lors, comme je l’ai mentionné à l’heure actuelle, 6 pays ont signé et 5 pays ont ratifié le CFA. L’Éthiopie s’est engagée à collaborer avec les pays du bassin du Nil dans le cadre de l’initiative du bassin du Nil et de l’Accord-cadre de coopération. L’objectif de l’Éthiopie est de veiller à ce que l’utilisation des ressources en eau soit équitable et raisonnable et qu’elle procure des avantages mutuels à tous les États riverains tout en promouvant le développement durable.

CD: Il y a quelques années, la Présidente de l’Ethiopie, Mme Sahle-Work Zewde, s’est rendue en RDC. Dans son discours à son homologue congolais Félix Tshisekedi, elle a indiqué que  »son pays fait de la RDC sa priorité dans le cadre de la coopération économique ». L’Ethiopie est un modèle de développement africain, quelles sont les réalisations de la coopération RDC-Ethiopie que nos lecteurs peuvent retenir sous la présidence de l’ancienne diplomate, Mme Zewde ?

FD: Comme vous l’avez souligné, j’ai eu une rencontre de courtoisie avec la cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), Mme Bintou Keita. Notre ambassade à Kinshasa accorde une attention particulière aux relations bilatérales et multilatérales. C’était une rencontre de courtoisie.

CD: L’Ethiopie est présente en RDC à travers son ambassade et ses compatriotes qui y vivent. Quelles sont les actions de coopération culturelle entre nos deux pays ? En dehors des aspects mentionnés ci-dessus, l’Éthiopie fournit une aide humanitaire et sociale à la RDC ? Que recommandez-vous pour renforcer le partenariat entre l’Éthiopie et la RD Congo à l’avenir ?

FD: Notre relation avec la République démocratique du Congo est profondément enracinée dans une longue histoire de coopération qui remonte aux années 1960, lorsque la République démocratique du Congo a obtenu son indépendance de la Belgique. Les relations bilatérales entre l’Éthiopie et la RDC ont officiellement commencé lorsque l’Éthiopie a ouvert son ambassade à Kinshasa en 1962. Puis, dans les années 1980, la guerre des ambassades s’est terminée à cause de certains facteurs. En tant que pays pour renforcer la relation de longue date que nous entretenons avec la RDC, nous avons rouvert notre ambassade en 2021.

L’Éthiopie a envoyé ses troupes de maintien de la paix au Congo pendant la guerre civile des années 1960, après l’indépendance du pays de la Belgique. En tant que pays, nous cherchons à élargir et à améliorer nos relations bilatérales avec la République démocratique du Congo, un pays géopolitique vital. À cet égard, je tiens à souligner que l’Éthiopie encourage la collaboration avec tous les pays du continent. À l’appui de cela, notre politique étrangère s’oriente également vers le continent africain.

Pour renforcer davantage les relations que nous entretenons avec la RDC, un accord général de coopération a été signé entre les deux pays il y a des années (document) dans plusieurs secteurs, tels que le commerce, l’agriculture, l’industrie, les mines, l’éducation, la culture, les arts, la santé, etc. Nous travaillons actuellement à évaluer la mise en œuvre des accords et à réviser et mettre à jour l’accord pour l’adapter aux relations existantes entre les deux pays amis. Nous proposons d’ores et déjà d’avoir des consultations bilatérales qui nous amèneront à mettre en place une commission mixte.  Nous en avons déjà discuté avec le service juridique de notre ministère des Affaires étrangères et nous attendons leur réponse.

CD: Excellence, quel a été votre parcours diplomatique avant d’être nommée à Kinshasa ?

FD: En tant que diplomate de carrière, j’ai trente ans d’expérience dans le domaine. Les relations bilatérales et multilatérales ont été au centre de mon travail.

•En tant que jeune diplomate, j’ai travaillé au département Afrique du ministère des Affaires étrangères de la République fédérale démocratique d’Éthiopie.

•J’ai travaillé en tant que responsable de la coopération au développement et de l’économie à l’ambassade d’Éthiopie en Italie.

• Directeur de la paix et de la sécurité au Ministère des affaires étrangères

•En tant que ministre conseiller, j’ai travaillé à la représentation permanente de l’Éthiopie auprès des Nations Unies à New York.

•Directeur de la paix et de la sécurité, des affaires sociales et Chef de cabinet du Ministre d’État, ainsi que Directeur général des organisations internationales au Ministère éthiopien des affaires étrangères.

•En tant que ministre plénipotentiaire, j’ai travaillé à l’ambassade d’Éthiopie au Soudan et au Royaume-Uni.

Enfin, avant d’être envoyé en tant qu’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en République démocratique du Congo, à Kinshasa, j’ai travaillé comme chef de mission adjoint avec le rang d’Ambassadeur à l’Ambassade d’Éthiopie à Bruxelles.

CD: Qu’est-ce que c’est que de travailler en tant qu’Ambassadrice de la RDC ?

FD: Je crois que c’est un honneur de servir en tant qu’ambassadeur de l’Éthiopie en République démocratique du Congo, car nos nations partagent de nombreuses similitudes, car le pays est une nation diversifiée sur le continent africain. Cela dit, je ferai tout mon possible pour améliorer et renforcer les relations bilatérales de longue date entre les deux pays au cours de mon mandat.

CD: Quel est votre mot de la fin à propos de cette interview ?

FD: Ce fut un plaisir absolu et bien sûr un bon moment qui semblait être une discussion normale plutôt qu’une interview. Je suis profondément reconnaissant de l’occasion qui m’est donnée de partager l’évolution des relations entre l’Éthiopie et la République démocratique du Congo.  Je vous remercie sincèrement pour cette conversation engageante, et j’attends avec impatience d’autres dialogues à l’avenir qui continueront d’éclairer et d’enrichir nos perspectives et nous avons également un vif intérêt à travailler avec votre magazine sur des questions à divers niveaux et à large spectre, en particulier la promotion du tourisme.

Merci Beaucoup.

Comme vous le savez, Ethiopian Airlines dessert 3 destinations en RDC, à savoir :

Kinshasa (12), Goma (7) et Lubumbashi (17) au total ET. a 26 Vols par semaine en RDC en  plus, il y a aussi des vols Cargo, en fonction de la demande.

Nous devons utiliser cette connectivité pour promouvoir le tourisme, l’investissement et le commerce entre les deux pays dans l’intérêt mutuel des peuples de la RDC et de l’Éthiopie.

Propos recueilis par Gomer Oleko

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